Décembre 2018

Chers Marraines, Parrains, Donateurs, Donatrices, Adhérent(e)s et autres Ami(e)s,

L’année 2018 va bientôt s’achever. Elle laissera un goût amer à ceux de notre Association qui œuvrent à la pérennité de nos actions envers les enfants de Fianarantsoa. Nous vous annoncions dans notre dernière newsletter de mai, le licenciement et l’expulsion de Mokana de Madame Louise, notre déléguée responsable et gestionnaire de notre Refuge pour enfants « Mokana ». En juin, je me suis rendu pour la deuxième fois de l’année à Madagascar afin de régler les problèmes administratifs, financiers et autres. Remettre la gestion de notre Refuge en bon ordre. Pris des mesures pour limiter la tentation d’actes délictueux. Sur place, et rapidement il m’a fallu rechercher une remplaçante capable d’assurer la gestion quotidienne des enfants. J’ai retenu la candidature de Madame Anjara qui avait déjà travaillé dans le milieu social, au contact des enfants. Elle a pris ses fonctions de gestionnaire du Refuge et des enfants externes le 1er juin. Madame Anjara est âgée de 37 ans. Elle loge sur place à Mokana avec ses deux enfants.

la vie à mokana

Bien entendu cette situation a fortement perturbé les enfants et les familles extérieures, premières victimes du comportement de Madame Louise. En octobre, lors de mon dernier passage, j’ai constaté que la confiance des enfants était revenue. Les repas ont été améliorés en qualité et quantité, les stocks de produits de première nécessité ont été rétablis. Les sourires étaient de retour.

Les dix-neuf lits de notre Refuge sont dorénavant tous occupés, après les départs de Jimmy et Stella et les arrivés de Marie-Rodine et de sa sœur Rosette, ainsi que la venue de Honorat. A Fianarantsoa, il y a toujours des enfants à mettre à l’abri !

Chez les externes, aussi des mouvements ces derniers mois. Trois exclusions, deux départs naturels. Nous avons accueilli à l’Association : Bonavanture, Harivelo-José, Mickael, Judicaël et Rayan.

Un grand merci aux marraines et parrains qui ont accepté  de « transférer » leur parrainage au bénéfice d’un petit nouveau et ainsi continuer leur action en faveur des enfants de Madagascar et des actions de l’Association.
Cette année, nous n’avons pas pu organiser la semaine de vacances, traditionnellement prévue à la fin de l’année scolaire. Les enfants internes sont tout de même partis une à deux semaines dans leur famille, afin de ne pas rompre le peu de liens familiaux qui leur restent.

Rosette
Marie-Rodine
Honorat
Bonavanture
Harivelo-José
Judicaël
Michaël
Rayan
Résultats scolaires de l’année 2017-2018

L’année scolaire s’est achevée fin août et mi-septembre pour celles qui passaient les épreuves du BAC et du BEPC.

Dans l’ensemble ce fut une année scolaire assez bonne pour des enfants de l’Association. Certains ont fait de grands progrès, parfois inattendus, je pense à Stéphane, Emilson, Tahiry, Bonne-Nouvelle et aux filles, toujours constantes, depuis plusieurs années : Miora, Alexandra, Jessica et Raymondine, quand quelques-uns ont sombré : Noëline, qui a échoué au BEPC et va redoubler ou Zafiarisoa qui ne fait pas beaucoup d’effort à l’école. Les résultats sont très bons pour nos quatre grandes filles qui se présentaient au baccalauréat : Sana, Safidy et Daniella ont été reçus, Mamisoa a échoué. Elles vont ainsi accéder aux études supérieures. Nous allons les soutenir dans leurs projets, les aider financièrement afin d’entrer dans les universités ou grandes écoles de Fianarantsoa.

Christien va entamer sa troisième année de formation expert-comptable à Tananarive. Rosette et Mbinina ont terminé leur troisième et dernière année de formation à l’école hôtelière, elles sont toutes les deux en recherche d’emploi.

Ce n’est que le 12 novembre que les enfants sont entrés en classe pour cette nouvelle année scolaire 2018-2019. Nos élèves de primaire et secondaire sont répartis dans huit établissements. Auparavant, nous avions distribué fournitures scolaires, cartables, uniformes et tenue de sport.

Travaux et entretiens du Refuge Mokana

– Remplacement d’une double fenêtre dans le dortoir des grandes filles. C’était une priorité sur la longue liste des travaux à réaliser et cela a enfin été fait au bout de six mois ! Finis les courants d’air et des conditions de vie acceptables pour les grandes filles.

– L’installation de production d’électricité par panneaux voltaïques est de nouveau en panne. Charly, bénévole en voyage à Madagascar, qui connait bien l’installation, tente en ce moment de régler le problème.

Quelques mots sur l’actualité de Madagascar en France

par notre Vice-Présidente Paule Piednoir

Cet automne, la Grande Ile est à l’honneur.

D’abord, une belle exposition aux musée des Arts Premiers, quai Branly « Madagascar, Arts de la Grande Ile ». Et, synchronisation voulue, organisation sur deux jours d’un colloque conjoint de l’ASOM (Académie des sciences de l’Outremer) et de l’Académie malgache. Cette dernière, fondée en 1902 par Gallieni, premier gouverneur de l’île, est antérieure à l’ASOM, créée en 1922. Indication qui prouve une certaine ouverture du pouvoir colonial. J’ai pu y assister, ce fut passionnant. La première journée accueillit plusieurs intervenants de grande qualité, principalement malgaches, qui ciblèrent les grandes problématiques du pays : historique, linguistique, géopolitique, le rapport nature et développement durable, les grandes endémies avec le rôle de l’Institut Pasteur de Madagascar dont on fêtait en mars les 120 ans. Et enfin une réflexion sur la question religieuse.

Le deuxième jour, Aurélien Gaborit, commissaire de l’exposition nous présenta l’exposition, qui est importante (360 pièces) et qui, par son intérêt historique, esthétique et ethnologique, montre bien que Madagascar a sa place dans le monde culturel français.

Je m’arrêterai sur un point : les vicissitudes du français et les difficultés de la langue d’enseignement.
Dans le suivi scolaire de nos enfants et mes interventions à l’Alliance française de Tananarive, j’ai pu mesurer l’ampleur du problème et combien il pesait sur l’instruction à Madagascar dans le primaire et le secondaire.

Pour bien comprendre, voici un bref historique de la place de la langue française dans la Grande Ile.

Après deux années de protectorat français, Madagascar devient en 1896 colonie française sous l’autorité du général Gallieni. Muni des pouvoirs civils et militaires, il accomplit l’unification de l’île. Et grâce au déploiement d’une administration puissante qui rend l’école obligatoire, l’imprégnation de la langue du pouvoir se fait nécessairement.

1960 : indépendance de l’île avec le président Tsiranana. Après presque 80 ans de présence coloniale, ce qui est peu par rapport à l’Algérie, l’influence de la France est encore très forte et avec elle, la place du français.

Années 70 : mise en cause de l’influence coloniale, trop présente et contestée, venue des milieux, étudiant et intellectuel (comme dans presque toutes les révolutions). Sous la pression d’une idéologie marquée par le nationalisme, une exigence de « malgachisation » se fait jour. Nouvelle constitution avec un président, le capitaine Ratsiraka, formé en France, mais décidé à lui tourner le dos. C’est la « révolution malagasy »

On trouve ceci dans le Livre Rouge de cette révolution :
« Parler une autre langue n’est pas dire sa pensée avec d’autres mots, mais penser autrement et, du même coup, penser autre chose »
Pas étonnant donc que le français n’ait plus la cote. Le français perd sa place de langue officielle, même si on a conscience que cette langue reste utile pour l’ouverture sur le monde.
Le français devenu langue étrangère est remplacé par le malgache en primaire et 1er cycle du secondaire, soit jusqu’en 3ème. Cette étape marque un tournant, des générations d’écoliers seront coupées de l’apprentissage du français.

Fin des années 80 : contestation du régime, le pouvoir tombe aux mains d’un industriel de l’agroalimentaire, peu préoccupé des problèmes de culture, instruction, enseignement. Il maîtrise assez le malgache, un peu l’anglais pour le business et mal le français dont il ne voit pas l’intérêt…
L’anglais, sans vraies racines, devient langue officielle, avec le malgache et le français.
Grand turn over politique dans l’île, à peu près tous les dix ans. Actuellement, c’est plus rapide (mandature de 4 ans).

Émeutes de 2009. Le roi du yaourt est dégagé par un tout jeune homme issu de l’élite urbaine qui s’est fait une réputation comme disc-jockey dans les nuits tananariviennes. Meilleures relations avec la France. L’anglais redevient langue étrangère et le français confirmé comme langue officielle.

2014, élection de l’actuel président, Hery Rajaonarimampianina, formé au Québec, maintient cette réorientation en faveur du français.

Pauvres petits Malgaches et pauvres maîtres perdus dans une politique linguistique aussi erratique !!!! Pris entre une langue naturelle, maternelle (18 ethnies, mais une langue malgache dominante, celle des Hauts Plateaux, le mérina) parlée à la maison et la langue de l’école, il est bien difficile de progresser, à moins d’appartenir aux 16% de lettrés qui parlent exclusivement ou occasionnellement le français.

Nous avons pu constater une situation aberrante. A l’école, les livres (maths, sciences de la vie, histoire/géo) sont en français. Un retour au français périlleux. Les maîtres eux-mêmes, formés du temps de la malgachisation, maîtrisent mal le français, et font les explications en malgache. Seuls quelques mots en français sont écrits au tableau. Ce qui fait qu’à l’école publique la langue d’étude, la langue de l’écrit s’apprend comme le latin, comme une langue morte.

Voilà le résultat de cette malgachisation ratée aux conséquences quasi irréversibles dans l’enseignement public. Je précise que le but était de supprimer le fossé qui séparait les élites du peuple. D’où le grand nombre d’écoles privées dites « d’expression française », très recherchées, mais inaccessibles à la majorité, vu l’extrême pauvreté.

C’est pourquoi, malgré toutes les difficultés propres à cette situation si particulière, nous tenons à inscrire les enfants de notre association dans des écoles privées, toutes les fois que cela est possible, dans la mesure où leur comportement le permet.

Personnellement, j’ai rencontré bien des Malgaches qui me parlaient de ce désastre linguistique, chose que je ne comprenais pas au début. Avec un livre d’histoire et l’expérience du pays, tout est devenu plus clair. Je pense que ce ressenti traduisait un intérêt pour notre langue qui ne remettait pas en cause l’authenticité indéfectible de leur appartenance à la terre des ancêtres.

Merci de votre patience à lire les aventures du français en terre australe. On verrait presque ça en BD, histoire de dédramatiser.
Et si vous êtes à Paris, réservez-vous un moment d’évasion en allant au Musée des Arts Premiers, quai Branly, voir l’exposition sur Madagascar. C’est jusqu’au 1er janvier.
Bon hiver et de belles fêtes à tous !

Parrains, Marraines, Donateurs, Donatrices, Adhérents et Amis,
Noël approche…
Si vous le souhaitez, vous pouvez contribuer à l’achat des cadeaux de Noël pour tous les enfants de l’Association, par l’envoi d’un chèque ou virement à notre trésorière en précisant l’affectation de votre don.

Les années précédentes vous avez été Donatrice, Donateur. Pensez à renouveler votre don en 2018, nous avons toujours besoin de vous afin de financer nos actions.

Envoyer votre don par chèque ou virement avant le 31 décembre 2018
afin de bénéficier de 
la défiscalisation de 60% de son montant

Chèque à l’ordre du Zébuphile, adresser à :
Françoise BELLOT
1 Sentier des Alouettes
94260 Fresnes

Bonnes fêtes de Noël et de fin d’année
Amitiés Zébuphile de toute l’équipe